Projet InspiRe pour le centre-ville : clermontoises, clermontois, savez-vous ce qui vous attend ?
Le projet InspiRe de la majorité prévoit la mise en place d’une Zone à Trafic Limité dans le centre-ville de Clermont-Ferrand. Il nous semble très important que les Clermontois sachent ce qui les attend car la création d’un ZTL (zone à trafic limité) dans un centre-ville induit des changements lourds pour les usagers et les riverains. Dans cette tribune, Géraldine Bastien explique ce qu’est une Zone à Trafic Limité. Elle présente l’état actuel du projet, ce que nous savons de la mise en place de cette ZTL pour Clermont-Ferrand. Puis elle identifiera les questions qui restent sans réponses et présentera nos propositions.

Je souhaiterais faire un focus, un zoom sur un pan de ce projet qui me semble encore plus méconnu des clermontois en raison du fiasco de cette phase de concertation qui s’achève et qui, pourtant, impactera de manière majeure la circulation en centre-ville et encore davantage la vie des clermontois.
Qu’est-ce qu’une ZTL (Zone à Trafic Limité) ?
La ZTL se définit comme une zone dont l’accès est restreint à certains types d’usagers de véhicules routiers dans le but d’apaiser la circulation dans la zone, en réorganisant la mobilité en faveur des transports en commun et des mobilités actives (donc la marche et le vélo).
La finalité est donc de diminuer fortement le trafic dans le périmètre délimité afin de favoriser l’accès des cyclistes, des piétons et des transports en commun et de dévier le flux de transit vers d’autres axes de la ville. Ainsi, généralement, tous les véhicules à moteurs sont interdits sauf : – Ceux des résidents – Les transports en commun – Les livreurs – Des véhicules d’intervention d’urgence.
Historiquement mises en place en Italie dans les années 70-80 pour protéger le patrimoine des centres-villes historiques (Florence, Sienne), la France compte deux ZTL à Nantes et à Grenoble. Les caractéristiques des ZTL varient d’une ville à l’autre, tant en termes de superficie couverte que de modalités de contrôle. Cependant, de grandes généralités peuvent être tirées des cas que j’ai étudiés :
– Toute circulation routière est interdite sauf pour les riverains, livreurs, transports en commun et vélo.
– Limitation des places de stationnement pour donner plus d’espaces aux mobilités actives et aux transports en commun.
– Des permis de circulation peuvent être délivrés pour acter de la dérogation à la ZTL ; ces dérogations peuvent être gratuites ou payantes, éventuellement sous forme d’une vignette à apposer sur le pare-brise.
– Le contrôle se fait soit automatiquement par caméra, soit par la police.
Enfin, je tiens à préciser qu’aucune évaluation quantitative d’impact de ces zones n’a pu être trouvée et qu’il est donc impossible à ce stade d’apporter des éléments concrets sur leur bénéfice sur la qualité de l’air ou autres facteurs environnementaux.
Cependant, il est d’ores et déjà à noter un effet négatif de cette appropriation de l’espace par les populations jeunes, les touristes (identifié à Rome par exemple) : une dégradation de la qualité de vie pour les résidents la nuit, à cause des nuisances (chahut, hurlements) générées par les attroupements de touristes sur les places publiques.
En résumé : Je ne circule pas dans la zone sauf si je suis un usager autorisé (cycliste, livreur, résidents, transport en commun, …). Le décor étant planté je vais maintenant pour parler de cette transposition à Clermont-Ferrand.
Le projet de ZTL à Clermont-Ferrand :
Effectivement, il nous semble très important que les Clermontois sachent ce qui les attend car vous l’aurez compris la création d’un ZTL dans un centre-ville induit des changements lourds pour les usagers et les riverains.
Aujourd’hui voilà les informations portées à notre connaissance :
Une ZTL sera créée qui partira du boulevard Duclaux (rue Blatin) au bas de l’avenue Carnot et qui passera donc par la place de Jaude, la préfecture, la place Renoux ainsi que la rue Ballainvilliers.
Dans cette zone :
– 144 places de stationnement minimum seront supprimées sans proposition alternative sérieuse (l’adjoint au maire en charge de l’entretien et du partage de l’espace public redirige les riverains sur les rues adjacentes et les parkings publics sans négociation de tarifs).
– Les riverains, les TC, les vélos, les véhicules d’urgence, les livreurs –sans connaître les modalités, seront autorisés à circuler avec l’apposition d’un macaron sur le pare-brise ;
– L’accès se fera sans empêchement physique (cad pas de borne) avec une signalétique à l’entrée de la zone mais avec des contrôles de police et contravention en cas d’accès non autorisé.
Comme vous pouvez le constater en réalité pour l’heure nous manquons cruellement d’informations sur les modalités de fonctionnement de la future ZTL dont les restrictions sont plus ou moins importantes en fonction du niveau où sera placé le curseur.
Alors, aujourd’hui nous livrons les quelques informations portées à notre connaissance mais beaucoup de questions restent en suspend, en réalité ce qui nous est présenté est une raquette faite de pleins de trous.
Les questions qui restent sans réponses aujourd’hui :
Il nous semble impératif de pointer du doigt ce que nous attendons comme réponse et informations sur cette ZTL :
– Quels seront précisément les véhicules autorisés ou interdits, quels types d’usagers, quels types de véhicules (tous, quid des voitures électriques) ;
-Quels seront les horaires et fonctionnement de la ZTL (en journée, la nuit, permanent, différent en fonction des jours de la semaine), quid des modalités et horaires pour les livraisons ;
– Les places de stationnement rue Ballainvilliers seront-elles maintenues ;
– Qu’est-il prévu pour les personnes à mobilité réduite. Y aura-t-il des autorisations de circuler pour les accompagnateurs des personnes âgées ? Est-il prévu des arrêts minutes pour les commerçants ?
Vous voyez beaucoup d’interrogations qui appellent une réponse mais surtout la nécessité d’impliquer le plus largement possible les habitants concernés car l’impact sur leur vie quotidienne sera certain.
C’est la raison pour laquelle, face à ce trop grand flou, et parce que nous sommes dans une démarche constructive, nous souhaitons apporter des propositions. Parce que nous ne sommes pas opposés à ce projet mais pas dans ces conditions.
Ce que nous demandons et proposons :
– En premier lieu nous demandons une véritable concertation et implication des riverains à la hauteur de l’impact que ce nouveau plan de mobilité aura sur leur vie.
Pour se faire, nous demandons une communication visible, volontaire : aller à la rencontre des habitants, mettre en place une communication ludique qui interpelle les habitants avec des bornes explicatives, une exposition, une lettre adressée à chaque foyer pour faire de la pédagogie…
– Il n’y a pas d’acceptabilité sans participation active. Nous demandons la mise en place d’un véritable plan de stationnement fait pour les résidents, puisque apparemment cela n’a pas été réfléchi, avec des tarifs spécifiques pour les résidents, les commerçants.
Il faut une politique de stationnement permettant aux résidents de conserver leur voiture et de la stationner soit gratuitement soit à un prix modéré, par exemple pourquoi ne pas s’inspirer de ce qui se fait ailleurs en proposant un abonnement domicile avec les parkings publics longeant cet axe ou en circonscrivant un cercle autour de cet axe.
Cet abonnement donnerait par exemple droit à 15 sorties gratuites par mois, avec des sorties libres entre le vendredi 19h et le lundi 0h ainsi que les jours fériés. Dès la 16e sortie (en dehors des week-ends et jours fériés), chaque sortie serait payante. Cet abonnement est particulièrement adapté aux résidents qui font des déplacements multimodaux : marche, vélo, transports en commun et voiture ou inciter justement à le faire.
De telles pratiques permettraient aux riverains d’avoir des tarifs beaucoup plus attractifs mais en contrepartie cela les engagerait et les inciterait à utiliser d’autres moyens de locomotion que la voiture dès lors où dans leurs secteurs l’offre multimodale est importante.
Idem pour les commerçants, il faut bien sûr penser à eux et à l’activité commerciale du cœur de ville. C’est pourquoi nous proposons la mise en place de tarifs attractifs peu chers pendant 1 ou 2 heures par exemple pour favoriser le commerce et inciter les gens à continuer de venir acheter en ville.
Il faut impérativement traiter le stationnement de manière intelligente en travaillant sur le fond à des solutions équilibrées, en proposant des stratégies alternatives acceptables par les riverains et les commerçants et professionnels installés sur cette ZTL. Ce n’est pas à coup d’oukaze et de vérités révélées que la mairie et la métropole parviendront à faire accepter ce plan aux clermontois.
Contrairement à ce que dit l’adjoint aux mobilités, dans le secteur central de Clermont le stationnement est un vrai problème et avec la livraison des immeubles sur le site de l’Hôtel Dieu cela le deviendra encore davantage.
Et puis, il ne faut pas s’inscrire dans une stratégie punitive contre les détenteurs d’une voiture, beaucoup de clermontois ont et auront encore besoin de leur véhicules, je pense aux familles notamment, nier le contraire n’est pas sérieux. A moins que la volonté de l’exécutif en place ne soit de faire fuir une partie de la population.
Il faut encore plus spécialement penser aux clermontois qui habitent en limite de cette future ZTF, il est indispensable de leur proposer une solution de circuler puisqu’ils ne pourront plus y accéder – par exemple vous habitez rue Bardoux ou bd Léon Malfreyt, vous ne pourrez plus pénétrer en voiture rue Ballainvilliers ou place Renoux ou rue du maréchal Joffre – avec le risque majeur de pincer les artères d’accès parallèles et de créer des thromboses.
C’est pourquoi nous demandons enfin la mise en place d’un plan de circulation qui soit réalisé de manière réfléchie, simple et raisonnée. Aujourd’hui, le plan de circulation de Clermont-Ferrand est déjà compliqué donc il faut proposer quelque chose de simple et qui soit compréhensible parce que la vérité c’est que quelque chose qui n’est pas compréhensible ne marche pas et crée des problèmes. Aujourd’hui, du côté des grands ordonnateurs du projet des pistes sont lancées en l’air avec des axes structurants mis en double sens de circulation (bd Lafayette, Av d’Italie, Av Edouard Michelin) mais aucune étude n’a encore été lancée.
En conclusion :
En conclusion, nous sommes particulièrement surpris que la métropole et la mairie, qui sont en responsabilités sur les logiques générales de stationnement et de circulation, n’aient rien proposé sur ces deux items qui constituent pourtant le préalable à tout plan de mobilité, nous demandons :
– Une véritable information, association, implication des clermontois dans ce projet car le risque réel est que les gens se réveillent au vu d’éléments concrets et très en aval, une fois que tout aura été décidé, ficelé, arrêté, en clair une fois qu’il sera trop tard.
– La présentation d’un scénario avec les éléments structurants qui doivent accompagner ce projet de mobilité à savoir :
– Un plan général de stationnement avec les grands principes généraux pour gérer et organiser les choses et ne pas faire appel « au petit bonheur la chance » pour se garer tel que cela nous est présenté aujourd’hui, et ce, dans le respect des riverains et des commerçants.
– Un plan de circulation adapté et réfléchi au regard des profondes modifications de circulation que va générer ce nouveau plan de mobilité.

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