Clermont Auvergne Métropole investit moins mais s’endette plus que les autres métropoles : la conséquence d’une gestion en roue libre.

par | 26 Fév 2021

Lors du conseil métropolitain du 26 février 2021, Julien Bony est intervenu au nom de notre groupe pour présenter notre position au sujet du Rapport d’Orientation Budgetaire présenté par la majorité. Pour notre groupe, le constat est inquiétant : Clermont Auvergne Métropole investit moins que les autres métropoles alors que nous avons davantage recours à la dette. Pourquoi ? en grande partie, parce que nos dépenses de fonctionnement ne sont toujours pas maitrisées. 

Contre le budget primitif 2021 de la majorité à Clermont-Ferrand

L’intervention de Julien Bony :

Un contexte de crise qui vient perturber le niveau des recettes

Nous sommes dans un contexte de crise où les incertitudes continuent de planer tant sur le niveau des recettes que sur celui des dépenses, notamment celles liées à la COVID. Déjà, lors du 1er débat qui a eu lieu en novembre, j’avais reconnu la difficulté qui est la vôtre à bâtir le budget 2021 et il a surement été plus raisonnable de repousser comme vous l’avez fait, le vote de celui-ci en avril.

Nous avons en effet aujourd’hui un peu plus de visibilité puisque la loi de finances 2021 a été votée par le parlement. Comme annoncé, elle acte la baisse des impôts de production à hauteur de 10 milliards d’euro pour cette année. Cela impacte notre collectivité puisque la base imposable de la CFE (Contribution Foncière des Entreprises) et celle du foncier bâti s’en trouvent réduites de moitié, ce qui représente respectivement 46% et 12% des bases pour CAM. Même si ce manque à gagner devrait être compensé par l’Etat, c’est une recette qui sera moins dynamique dans les années à venir puisqu’elle sera figée et non plus indexée sur l’inflation. Alors bien sûr, c’est une contrainte budgétaire supplémentaire mais nous pouvons y voir aussi une opportunité pour améliorer la compétitivité des entreprises de notre territoire et en attirer de nouvelles. Il est à souligner toutefois que cette compensation par l’Etat nous prive dans une certaine mesure de notre autonomie budgétaire et cela ne va pas s’arranger avec la suppression progressive de la taxe d’habitation, ce que nous ne pouvons que déplorer.

Par ailleurs, comme je l’avais souligné en novembre il y aura bien un décalage du versement de la CVAE qui pourrait courir jusqu’en 2022.

En revanche, le pacte de Cahors est suspendu, ce qui laisse davantage d’oxygène aux collectivités pour faire face aux dépenses supplémentaires liées à la crise et c’est une bonne chose compte tenu du contexte.

Moins d’investissements mais plus de dette que les autres métropoles

Voilà donc pour le volet recettes et pour les facteurs exogènes auxquels vous devez faire face et ceux-ci je le conçois encore une fois sont de réelles difficultés. Face aux recettes, il convient d’ajuster les dépenses et plus que jamais il est primordial d’adopter une gestion saine et rigoureuse des finances de la métropole.

Aujourd’hui, le constat est inquiétant : nous investissons moins que les autres métropoles alors que nous avons davantage recours à la dette. Pourquoi ? en grande partie, parce que nos dépenses de fonctionnement ne sont toujours pas maitrisées.

Notre taux d’épargne brute est de 17%, ce qui est le plus faible taux d’épargne au sein des métropoles comparables à la nôtre. Si l’on raisonne par habitant, l’épargne brute est de 110 €, ce qui nous place dans le bas du tableau des métropoles puisque la moyenne est de 160 € et certaines métropoles ont une épargne brute 2 fois supérieure à la nôtre, à Orléans métropole par exemple avec 211 € par habitant.

Je rappelle que notre encours de dette à fin 2020 était de 375 M€, la dette par habitant est elle aussi largement supérieur à la moyenne des autres métropoles.

Alors que notre capacité de désendettement est de 8 ans, pour le budget principal uniquement, j’aimerai que vous nous précisiez à combien celle-ci s’établit si l’on raisonne tout budget confondu ?

Mais même si nous ne sommes pas encore au seuil d’alerte, mes collègues du groupe Avenir Républicain et moi-même nous nous inquiétons du niveau d’endettement excessif de la métropole. Pour vous rassurer sur ce recours à l’emprunt, vous mettez en avant le fait que notre dette est en très grande partie sécurisée et que les taux n’ont fait que baisser depuis 2014. Mais attention, dans notre situation, s’endetter demain va devenir de plus en plus difficile puisqu’il devient de plus en plus difficile de rembourser.

Pour votre information, mais plus certainement pour vous démontrer qu’un autre chemin est possible, la Région Auvergne Rhône Alpes avait fin 2015 une capacité de désendettement d’environ 7 ans. Elle est aujourd’hui de 3 ans et demi soit la moitié moins qu’en début de mandat et cela grâce à une bonne gestion, ce qui lui permet d’ailleurs actuellement d’emprunter à des taux négatifs.

Puisqu’à ce jour, 60% de nos investissements sont financés par l’emprunt, le recours à la dette ne pourra rester possible qu’en dégageant des économies significatives sur le fonctionnement.

A titre d’exemple, les dépenses de personnel représentent à elles seules 80 M€, je sais que le seul fait de l’évoquer vous est insupportable et vous inspire les pires caricatures sur nos propositions mais le statut quo ou la politique de l’autruche n’est plus permise.

Il serait raisonnable et largement envisageable de réaliser 4 M€ d’économie sur les dépenses de fonctionnement, encore faut-il en avoir la volonté ! Mais peut-être serait-il bon de revoir aussi certains excès de dépenses dûs à des services en régie par exemple.

Une hausse de la fiscalité annoncée pour la métropole

Alors vous préparez les esprits depuis des mois à une hausse de la fiscalité pour pallier les faibles capacités financières de notre métropole. Nous, nous considérons que l’impôt peut être un outil de compétitivité envers les entreprises face à la concurrence entre métropoles. Pour vous, c’est une simple variable d’ajustement que vous ne savez utiliser qu’à la hausse quand les caisses sont vides.

Enfin, face aux défis que notre territoire devra relever dans les années à venir, l’investissement devrait être plus soutenu qu’il ne l’est, au détriment du fonctionnement. De grands projets indispensables au développement de CAM sont à financer, ce sont par exemple la modernisation de notre réseau de transports en commun, la poursuite de l’aménagement urbain en rattrapant le retard pris en matière de mobilités douces, les vastes chantiers de rénovation urbaine mais il faudra aussi revoir ou repenser certains comme par exemple le projet pharaonique de grand stade qui reste en l’état une aberration dans ce contexte de crise et malgré les excellents résultats du Clermont Foot.

Pour conclure, je vous dirai que pour se donner les moyens de ses ambitions, si elle veut rentrer dans le concert des grandes métropoles, si notre métropole veut devenir LA métropole d’équilibre de l’ouest régional que vous appelez régulièrement de vos vœux, elle doit prendre résolument le chemin de la bonne gestion financière comme la Région a su le faire depuis 6 ans. Et je finirai par ce proverbe chinois simplement pour vous rappeler que « Le but n’est pas seulement le but mais aussi le chemin qui y conduit ».

L’intervention de Jean-Pierre Brenas :

Clermont Opposition

Clermont Opposition

Clermont Opposition regroupe les élus des groupes d’oppositions municipales et métropolitaine. Notre site internet vous permets d’entrer en contact avec vos élus d’opposition pour faire remonter vos problèmes, vos idées et vos remarques à la ville de Clermont-Ferrand tout en suivant leurs actualités.

Contacter vos élus d’opposition

Vous souhaitez nous faire part de vos problèmes et de vos idées ? N’hésitez pas à remplir ce formulaire pour entrer en contact avec vos élus d’opposition. Thibault Bertrand, le collaborateur de nos groupes nous transmettra votre demande et vous répondra sous 48h.

Confidentialité

Tweetez
Partagez
Partagez